L1 - Lettre collective lue au concile de Lyon
Date : écrite en 1244 et lue en 1245
Précision sur le document : Citée par Matthieu Paris
Auteur : Collective par les notables de Terre Sainte
Edition utilisée : Matthiew Paris Chronica majora, H.R.Luard, London, Longman, Tome IV p. 337
Edition traduction : Grande chronique de Matthieu Paris, A. Huillard-Bréholles Paris, Paulin Tome 5 p. 463
Fiche Arlima ou CartulR : Arlima
Cette lettre destinée à Innocent IV est un appel pathétique pour sauver ce qu'il reste en Terre Sainte après le désastre de la Forbie en 1244. Cet appel sera suivi un peu plus tard par Louis IX et Guillaume de Sonnac. Elle a été apportée par l'évèque de Beyrouth qui a fait la traversée en hiver contre toute règle de sécurité.
A Acre le 25 novembre 1244
Reverendis in Christo patribus et amicis universis, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, et aliis ecclesiarum praelatis in regnis Franciae et Angliae constitutis, ad quos praesentes literae pervenerint, Robertus Dei gracia sanctae Jerosolimitanae ecclesiae patriarcha, Apostolicae sedis legatus, Henricus archiepiscopus Nazarenus, J. Caesariensis electus, R[odolfus] episcopus Acconiensis, et Sydonensis episcopus, frater Guillermus de Rokaforti, vicemagister domus militiae Templi, et conventus ejusdem domus, H. prior Dominici Sepulchri, abbas Sancti Samuelis, Praemonstratensis ordinid, B. Montis Oliveti, J. Templi Dominici, P. Montis Thabor, et R. Montis Syon, abbates, salutem et prosperos ad vota successus.
.../...Ex communi itaque consilio et unanimi voluntate, una cum magistris religiosarum domorum, scilicet militiae Templi, Hospitalis Sancti Johannis, et praeceptoris Sanctae mariae Theutonicorum,
et nobilium regni, Soldanos Damasci et Chamelae, qui erant cum Christianis pacis foedere colligati et contra Corosminos habent inimicitias spéciales, reputantes se etiam per illorum adventum fore
confusos, et terram quam habebant Christiani juxta formam treugarum tenebantur defendere contra omnes alios Sarracenos, ad Christianorum subsudium duximus advocandos.../...
.../...Et cum essent respectu inimicorum paucissimi, proh dolor, succubuerunt in bello, hostibus praeliorum adversitate cedente(s), ita quod de conventibus domus militiae Templi, Hospitalis Sancti Johannis, et Sanctae Mariae Theutonicorum, tantummodo triginta tres Templarii, viginti sex Hospitalarii, et tres fratres Theutonici evaserunt, aliis peremptis et captis.../...
.../...De archiepiscopo vero Tyrensi, episcopo Sancti Georgii, abbate Saznctae Mariae de Josaphat, magistro Templi, et praeceptore Sanctae Mariae Theutonicorum, et quampluribus aliis religiosis
et clericis, cum non apparuerint, plurimum dubitatur utrum qdhunc in bello obierint, vel sint in captivitate detenti ; nec de iosis scire adhuc potuimus veritatem.../...
Datum apud Accon, vicesimo quinto die mensis Novembris, anno Domini MCCXLIV.
Aux révérends pères en Jésus-Christ et à tous leurs amis, les archevêques, évêques, abbés et autres prélats des églises, établis dans les royaumes de France et d'Angleterre, à qui les présentes lettres parviendront, Robert, par la grâce de Dieu, patriarche de la sainte église de Jérusalem et légat du saint-siège apostolique, Henri, archevêque de Nazareth, Jean, élu à Césarée, Richard, évêque d'Acre, l'évêque de Sidon, frère Guillaume de Rochefort, vice-maître de la maison des chevaliers du Temple, et du couvent de la même maison, Henri, prieur du sépulcre du Seigneur, l'abbé de Saint-Samuel de l'ordre des prémontrés, B. abbé du Mont des Oliviers, Jean abbé du Temple du Seigneur, P. abbé du Mont Thabor et R. abbé de la montagne de Sion, salut et succès prospère selon leurs vœux.
.../...Alors, d'un avis commun, et d'une volonté unanime, avec l'assentiment des maîtres des maisons religieuses, à savoir des maîtres de la milice du Temple et de l'hôpital de Saint-Jean et des précepteurs des chevaliers teutoniques de Sainte- Marie, ainsi que des barons du royaume, nous jugeâmes à propos d'appeler au secours des chrétiens les soudans de Damas et de la Chamelle qui s'étaient unis avec les chrétiens par l'alliance de la paix, qui étaient les ennemis particuliers des Chorosminiens, parce qu'ils comme devant être confondus par leur invasion, et qui enfin, d'après la teneur des trêves, étaient tenus de défendre contre tous les autres Sarrasins la terre possédée par les chrétiens.../...
.../...Mais comme ils étaient très peu nombreux, en comparaison des ennemis, ils succombèrent dans la bataille, ô douleur ! et, cédant à la mauvaise fortune, abandonnèrent la victoire aux
ennemis ; des couvents de la milice du Temple, de l'hôpital de Saint-Jean et des teutoniques de
Sainte-Marie, trente-trois templiers seulement, vingt-six hospitaliers et trois frères teutoniques
s'échappèrent : les autres furent tués ou pris.../...
.../...Quant à l'archevêque de Tyr,
à l'évêque de Saint Georges, à l'abbé de Sainte-Marie de Josaphat, au maître du
Temple, au précepteur des teutoniques de Sainte-Marie, et à une foule d'autres religieux et clercs, comme ils ne reparurent plus, on est grandement dans le doute pour savoir s'ils sont
morts dans le combat, ou s'ils sont détenus en captivité ; c'est là une question que nous n'avons pu encore éclaircir.../...
Donné à Acre, le vingt-cinquième jour du mois de novembre, l'an du Seigneur mil deux cent quarante-quatre.
A propos du concile de Lyon, on peut aussi citer la "Brevis nota eorum quae in primo concilio Lugdunensi generali gesta sunt" (Labbe, Conciles, Tome XI 1661) col. 639 ; "Brève notice sur le premier concile général de Lyon". Ce texte a été écrit peu de temps après le concile, voir l'étude de Stéphane Bruneau-Amphoux. A l'époque, Templiers et Hospitaliers assuraient la garde du Pape comme la garde suisse actuelle.
Quod non fuit sine taedio multorum praelatorum, et aliorum Templariorum et Hospitalariorum, qui multos armatos ad custodiam domini papae et concilii studuerant destinare, et propter
pressuram hominum et dubitationem quae in ipsa civitate, quae custodiebatur per armatos plurimos die ac nocte, fortiter assistebat.
Beaucoup de soucis provinrent du nombre des prélats et de tous les Templiers et Hospitaliers
qui, armés jusqu'au dents, assuraient la garde du seigneur pape et du concile, à cause de la pression des hommes et des craintes ressenties en ville, nécessitant qu'elle soit
défendue jour et nuit par de nombreux hommes armés.