Les gestes des Chiprois
Date approximative : 1343
Précision sur le titre : Titre originel inconnu
Auteur : attribué à Gérard de Montréal.
Edition utilisée : « Recueil des historiens des croisades arméniens » Tome II en 1906 pages 740 et suivantes.
Fiche Arlima ou CartulR : Arlima 1 Arlima 2
Ce recueil des documents arméniens a été commencé par le comte Riant en 1882 a été continué par Louis de Mas Latrie sous la direction de Ch. Schefer. Pour Les gestes des Chiprois, le manuscrit était alors perdu, l’édition a été réalisée à partir du document de G. Raymaud (publié par la société de l’Orient Latin en 1887) annoté par Gaston Paris et Louis de Mas Latrie. Cette chronique n’a pas vraiment sa place dans cet ouvrage concernant la petite Arménie. Il s’agit en effet d’une chronique Chypriote écrite en français.
Le manuscrit d’origine a été trouvé en 1882 par Charles Perrin dans le château de Versuolo à Cuneo, Piémont, propriété des comtes de Mola di Larisse. Le document comportait 238 feuillets datés et signés au dos du 93ème et 198ème : copié et terminé le mercredi 9 avril 1343 par un prisonnier de Heymery de Milmars appelé Johan le Miege au château de Cérines à Chypre. Le manuscrit, bien qu’il lui manque quelques feuilles au début et à la fin devait s’arrèter vers l’année 1312. Cette chronique a servi à celle de Amadi, celle de Bustrone et pour le « Secreta fidelium crucis » de Marino Sanudo. Elle comporte trois livres, le premier est une chronologie universelle. Le second est une copie un peu remaniée de l’ouvrage de
Philippe de Novare sur les démélées entre Henri Ier de Chypre et l’empereur frédéric II. Le troisième livre est une chronique couvrant la période 1243 à 1312 et peut être écrite par Gérard de Montréal chevalier chypriote cité par Amadi et Bustrone. Ce dernier livre a eu pour titre « Chronique du Templier de Tyr » lors de l’édition de 1887. La Bibliothèque Nationale conserve la copie de 1882 faite par Charles Perrin sous la cote Nouvelles Aquisitions Françaises n° 6680. Le manuscrit originel est à Turin Bibliotheca Nazionale universitaria varia 433 1343.
Le titre « Les gestes des Chiprois » a été donné par G. Raynaud mais n’est pas le titre originel qui demeure inconnu. Cette chronique apporte, par rapport aux précédentes pas mal de détails nouveaux sur les évènements.
1244 après la défaite de Gaza.
254. En sel an meisme Jofrey de Satdeine tint herb[erg]e, et le Temple o luy, a Jafe ; et ly fu aferme[e] la trive o le soudan de Domas, quy rendy as Crestiens Jerusalem et la terre desa le flum, fors Naples et Jerico.
254. Cette année là, Geoffroy de Sardaigne habita à Jaffa ainsi que les Templiers ; La trève avec le sultan de Damas y fut confirmée, elle rendait aux chrétiens Jérusalem et la terre en deça du Jourdain sauf Naplouse et Jéricho.
1247 La vente de Sidon (Sayete) au Temple a eu lieu en 1262 (voir page 752).
260. En cel an morut Gille, seignor de Sayete, quy fu fis de Balian ; et remest de luy I fis, quy ot nom Julien, quy vendi puis Sayete au Temple.
260. Gille de Sidon fils de Balian mourut cette année là. C’est son fils Julien qui vendit Sidon au Temple.
1248 Septième croisade.
261. Et en l’an de M CC XLVIII, a XXVII jours de setembre, arriva le roy de France Loïs en Chipre, a Limesson ; et amena mout grant naville, entre la quele naville i ot XV guallees de Jeneves, et IIII naves grans, a[s] sos dou roy ; et mena la roÿne de France, s’espouze, et ces freres, Monseignor Charle, conte d’Ango, et monseignor Anfois, conte de Poitiers, et le conte d’Artois, lor couzin jermain, et Guillaume, conte de Flandres, et si mena autres barons que je ne peu trestous nomer, et furent par tout chevaliers VIIIC .
262. Le roy Henry de Chipre et les autres seignors de Yblin le resurent a mout grant henour et a mout grant joie, et demoura en Chipre tout sel yver ; et vindrent d’Acre, au leur [host], les maistre dou Temple et de l’Ospitau, et chevaliers et autres gens, et en Chipre conseillierent et ordenerent de passer au printens en Egipte. Et quant vint après Pasques, le roy manda la raïne de France en Acre, et d’Acre elle ala au Chastiau Pelerin, quy est dou Temple, et est sur mer près d’Acre VII liues.
261. Louis roi de France arriva à Chypre le 27 septembre 1248 à Limassol. Il avait une grande flotte dont 15 galères génoises, et 4 grands navires royaux. Il était accompagné de la reine de France son épouse et de ses frères, monseigneur Charles d’Anjou et monseigneur Alphonse de Poitiers ainsi que de leur cousin germain comte d’Artois. Il y avait aussi Guillaume de Flandres et beaucoup de barons que je ne peux tous nommer ainsi que 800 chevaliers.
262. Le roi Henri de Chypre ainsi que tous les seigneurs d’Iblin le reçurent en toute honneur et grande allégresse et il demeura en Chypre tout l’hiver. D’Acre vinrent avec leur armée, le maître du Temple et celui de l’Hopital, des chevaliers et d’autres gens. Après le conseil, l’ordre fut donné d’attendre le printemps avant de passer en Egypte. Après les fêtes pascales, le roi envoya la reine de France à Acre. D’Acre elle alla au château Pèlerin tenu par les Templiers à 7 lieues au bord de la mer.
263. Et en l’an de M CC XLIX, a XX jours de may, se party le roy de France de Lymesson de Chipre, et alerent o luy emple et Ospital et grant chevalerie de Chipre et de Surie, et demora sur mer XIIII jours ; [et] prist terre par force, et a VI jours de Jugnet prist la cité de Damiate, sans cop ferir. Et ja soit ce que il avoient novelles de la venue dou roy de France desa mer, toutefois il ne saveent mye bien ou il devoit ferir, et por ce i mirent il poy de pourveance, et furent surpris ; dont nostre gent mirent escheles as murs, et y monterent sans defense, car en Damiate nen i avoit [que] menue gent, et se y avoit aucuns defendeors, si y [en] avoit mout poy.
264. Quant la chose fu ensy avenue, le leguat et le patriarche de Jerusalem et le roy de France et les autres barons si rendirent graces a Nostre Seignor de ceste belle aventure que Dieu lor avoit fait en lor premiere venue, de se que nulle defence ne lor fu encontre au prendre de la terre, et sembla que ce fu volenté et euvre de Dieu.
267. Le roy de France et les autres barons furent au conseil par plussors fois, coment devreent faire de porprendre les autres terres la en tour. Et sur ce ot plusors paroles dites entr’eaus que je ne peus tout retraire ; et fu la fin de lor conseil de chevaucher dehors par la terre et damager les Sarazins quant que l’on poroit, si come il firent, ce Dieus eüst consenty que lor faist fus talé en avant. Mais je vos layray a parler dou roy de France et de son host et de sa naville, quy sont en Damiete, et vos diray d’une guerre quy avint a Acre entre Pizans et Jenevès ; et après retornerons a nostre matiere.
263. Le roi de France quitta Limassol le 20 mai 1249 accompagné des Templiers, des Hospitaliers de nombreux chevaliers chypriotes et Syriens. Il débarqua après une traversée de 14 jours et prit la cité de Damiette sans coup férir le 6 juillet. En effet, les sarasins étaient bien au courant de l’arrivée imminente du roi de France, mais ils ne savaient pas où. Ils mirent donc peu de surveillance et furent surpris. Quand les nôtres mirent les échelles sur les murs de Damiette, il n’y avait que de petites gens et aucuns défenseurs ou si peu.
264. Voyant cela,le légat et le patriarche de Jérusalem, avec le roi de France et les barons rendirent grâce au Seigneur pour cette victoire accordée dès leur arrivée. Il leur semblait en effet que ce fut la volonté et l’œuvre de Dieu que la ville ait été laissée ainsi sans défense.
267. Il y eut plusieurs conseils entre le roi et ses barons pour décider comment conquérir les alentours. Je ne raporterai pas tout ce qui fut discuté. Ils décidèrent enfin de sortir pour combatre les Sarasins dès que possible, ce qu’ils firent selon la volonté de Dieu. Mais avant que de rapporter les exploits du roi de France, de son armée et de sa flotte autour de Damiette, je vais vous parler de la guerre entre les Pisans et les Gênois qui eut lieu à Acre. Nous reviendrons ensuite à notre matière.
Le chapitre 268 et les suivants parlent bien de la guerre en question mais commence sous la maitrise de frère Thomas Bérart le successeur de Renault de Vichiers sans revenir à la bataille de Mansourah comme promis. On ne sait si le copiste de Cérines a sauté quelques feuillets ou si le document originel comportait déjà cette lacune.