AUVERGNE
Seigneurie de Montpensier
Dauphiné d'Auvergne, Comté d'Auvergne
Mercœur, Carlat, Murat et Aurillac
Il n'y a pas d'occurrence dans le fichier de base pour l'Auvergne.
Compléments
SEIGNEURIE DE MONTPENSIER
Les Senarets sont entourés de trois châteaux qui devaient s'épier car la région n'était pas du tout stabilisée. Nous sommes ici à la frontière du Bourbonnais capétien et de l'Auvergne du Duché d'Aquitaine. En 1180 la seigneurie de Montpensier est détenue par les vicomtes auvergnats de Thiers dont l'héritière Agnès de Thiers est mariée avec Raymond de Bourgogne puis avec Humbert IV de Beaujeu favorable au parti capétien. La situation est plutôt inextricable.
Château 1 au nord-ouest : Château de Veauce dont l'histoire remonte à Charlemagne pour marquer la frontière de l'Aquitaine. Le château est tenu par les sires de Veauce dont le fief s'étends autour d'Ebreuil, Le Mercurol, Vicq et Lalizolle.
Château 2 au nord-est : Château de Naves construit vers 1100 et tenu depuis 1147 par Hugues de Naves en conflit avec son seigneur Archambaud VII de Bourbon ami du roi Louis VII. Devant le danger de perdre son château, il préfère le donner à l'évêque de Bourges Pierre de la Châtre soutenu par le pape Innocent II mais rejeté par Louis VII. Pierre de la Châtre en fera sa résidence préférée.
Château 3 au sud-est : Château de la Mothe de Vicq tenu par les seigneurs de Vic traditionnellement proches des Bourbons.
Pour le site, nous choisirons arbitrairement le plus proche d'Henri II donc le château de Naves pour qui le site, au pied de la bordure du plateau permet de surveiller simultanément les deux autres châteaux.
DAUPHINE d'AUVERGNE
Il est symptomatique de voir comment les grands seigneurs d'Auvergne, sous la menace de l'annexion imminente de leur province par le pouvoir carolingien, ont adopté entre 1152 et 1213, date de la chute de leur dernier château, Tournoël, une stratégie de défense de leurs frontières directement inspirée de la politique plantagenaise.
- 1 - Saunade, 63380 Landogne et Sonazet, 63380 Saint-Avit :
J'ai longtemps cherché à quoi pouvait correspondre cette frontière en plein milieu des Combrailles car comment douter après toutes les confirmations apportées à nos recherche, que ces noms n'indiquent pas la présence d'une frontière. Jusqu'à ce que je trouve cette carte délimitant les territoires issus de la partition de l'Auvergne entre l'Auvergne proprement dite confiée à Guillaume VIII par Robert III son frère lors de son départ en croisade aux cotés de Louis VII en 1147, d'une part et le Dauphiné d'Auvergne du compte légitime Guillaume VII spolié à son retour de croisade après le décès de son père, d'autre part. Après 1152, Guillaume VII se tourne vers Henri II le nouveau duc d'Aquitaine pour faire appel contre Guillaume VIII qui se rapproche alors de Louis VII. La rivière Saunade, qui a dû être appelée ainsi après les accords de partition, devient donc momentanément la frontière entre Capétiens et Plantagenêts. Cette frontière fut certainement fortifiée, Saunazet rapportant à l'imposant château de Crocq en Creuse et Saunade, où il y eut un château comme l'atteste le lieu dit "Château de Saunade", rapportant au château des Dauphins à Pontgibaud, capitale du Dauphiné d'Auvergne.
Carte 1; Carte 2; Hypothèse d'affectation : Richard Cœur de Lion.
COMTE d'AUVERGNE
Saulnat, tout comme le château principal de Châtel-Guyon auquel il devait référer, semble construit en 1185 pour assurer la défense de Riom alors capitale du comté d'Auvergne (Clermont étant aux mains de son évêque et Monferrand aux mains du Dauphin). En 1196 Guy II, petit fils de Guillaume VIII se réconcilie avec le Dauphin Robert IV fils de Guillaume VII pour affronter la menace présentée par Philippe Auguste. En vue des affrontements futurs, ils s'allient avec Richard Cœur de Lion et construisent tout une série de forteresses sur des plans inspirés par les châteaux anglais.
Saulnat est sur la frontière avec le comté de Montpensier dont la capitale était Aigueperse toute proche. Vers 1160, Agnès de Thiers, dame de Montpensier et d'Aigueperse, épousa Humbert IV, sire de Beaujeu et apporta ses territoires à un féal du roi de France. Depuis lors Montpensier et Thiers ne pouvaient plus être inclus dans les lignes de défenses auvergnates.
Carte; Hypothèse d'affectation : Richard Cœur de Lion.
La Saune ou la Sonne, au dessus d'Olliergues semble défendre les sommets de la puissante châtellenie auvergnate d'Olliergues attestée en 1208. Les sommets de cette même vallée de la Dore sont également défendus par le château de la Faye élevé vers 1195 par les Meymont d'Olliergues pour faire face aux Damas de Couzan, la principale seigneurie du comté de Forez. Nous sommes donc sur la frontière de l'Auvergne avec le Forez qui rendait hommage au roi de France depuis 1167, et ce, pendant la période de fortification de Guy II dont nous avons parlé au numéro précédent.
La Soune est un petit sommet de 992 m en vue du Château de Domeyrat (ci-contre), via le site suivant n°5. Il domine la vallée de la Senouire qui semble bien être, dans le bas de son cours aux mains des Polignac, vicomtes du Velay. L'évêque du Puy, Ainard doit prêter serment à Philippe Auguste pour obtenir main levée sur les revenus de son évêché en 1191, ce qui démontre que le roi de France avait déjà chassé le dauphin Robert IV du comté du Velay et donc que le château de Domeyrat appartenant aux Papaboeuf se trouvait à cette époque sur la frontière auvergnate avec le Velay sous influence royale.
Nous rattacherons donc ce site à la période de fortification décrite aux numéros 2 et 3.
A noter également que de l'autre coté de cette vallée de la Senouire, appendice du Velay entrant dans les possessions auvergnates, se trouvait la puissante forteresse d'Allègre en contact visuel avec La Soune par l'intermédiaire éventuel de Sannac dont le nom reste proche de ceux que nous étudions.
La Senouire lors de son cours nord-sud forme pratiquement la frontière entre le Velay et deux régions auvergnates, le Livradois et le Brivadois. N'oublions pas que Guy II d'Anjou fils de Foulques II et de Gerberge fût évêque du Puy-en-Velay de 976 à 996 et qu'il ne serait pas étonnant qu'il en reste quelques souvenirs dont probablement le nom de ce cours d'eau.
Une autre particularité est celle du village de Paulhaguet tout proche également sur la Senouire qui en 1316 fit l'objet d'un contrat de paréage avec le roi de France.
Egalement en Velay, de l'autre coté du Puy-en-Velay, se trouve un village nommé Laussonne soit presque le même nom que notre site avec une consonnance un peu plus provençale. Laussonne est rattachable à la principale abbaye du Velay créée au VIIème siècle à Monastier-sur-Gazeille. Le ruisseau de Lausonne a quant à lui pu marquer une des limites du monastère.
Le site est nécessaire pour transmettre les informations entre la Soune (voir n°4) et le château de Domeyrat. le château étant sur un piton surplombant la Sénouire à 560m d'altitude et Senèzes au pied du Pié de Charenty à 754m.
Au nord de Domeyrat, juste au dessus de Cenat, le sommet qui surveille la valée du Doulon s'appelle justement "La Garde" avec 826m d'altitude.
Carte; Hypothèse d'affectation : Richard Cœur de Lion.
SEIGNEURIE de MERCOEUR
Le Rocher de la Sonaille aux bords de la Tuyère qui alors était une simple rivière et non le lac de retenue du barrage de Grandval, dépendait soit du château de Faverolles, soit du Château d'Alleuze (ci-contre). Ce château d'Alleuze appartenait à Béraud VIII de Mercoeur, connétable d'Auvergne, seigneur d'Aubijoux et d'Alleuze dont la fille Alix était la femme de Robert IV Dauphin d'Auvergne. C'est dire si cette forteresse à la frontière de l'Auvergne avec le Gévaudan était importante. En effet, l'ensemble du Gévaudan avait été confié à l’évêque de Mende, Aldebert III du Tournel par une bulle d'or royale accordée par Louis VII en 1161.
Carte; Hypothèse d'affectation : Richard Cœur de Lion.
VICOMTE de CARLAT, MURAT et AURILLAC
- 8 - Saunac, 15400 Saint-Hippolyte :
Saunac tout proche de Notre-Dame-de-la-Font-Sainte, petite chapelle bâtie par les seigneurs d'Apchon, est sur le même versant plus au sud que le château d'Apchon (ci-contre) qui fut l'une des plus imposante forteresse de Haute Auvergne. C'est à partir de ce château que la reconquête du Limousin eut lieu après la guerre de cent ans. Saunac est proche de Dienne et de Lavigerie, frontière nord du vicomté de Carlat. Les deux vicomtés de Murat et Carlat, anciennes possessions de Géraud d'Aurillac, comme l'abbaye d'Aurillac, n'ont jamais fait partie de l'ancien comté d'Auvergne comme l'a déclaré Suzanne de Bourbon, vicomtesse de Carlat, lors de la rédaction en 1510 des Coutumes d'Auvergne, faisant savoir que le Carladès avait son droit et ses usages particuliers, différents de ceux du comté d'origine. Le fait que la frontière était là à cette époque est compatible avec l'influence des vicomtes de Rodez et de Millau sur le sud de la province (Voir Quercy n°6).
Mauriac, une des plus ancienne ville d'Auvergne était florissante au XII et XIII ème siècle comme en témoigne ses monuments. Son abbaye Saint Pierre fondé du temps de Clovis dépendait directement de l'abbaye Saint Pierre le Vif de Sens. La ville était donc totalement indépendante de la puissante abbaye Saint Guéraud d'Aurillac plus au sud. Le village d'Escorailles et son ancien château médiéval était dans la mouvance de Mauriac, et l'on peut penser que le site de Soumailles bien situé en haut de la rive gauche de la Maronne en constituait la frontière sud avec la région d'Aurillac. En effet, la ville de Pléaux un peu plus à l'ouest avait un prieuré dépendant de Saint Sauveur de Charroux. Cette abbaye avait confiée en 1228 la défense de son prieuré à Astorg d'Aurillac compte tenu de l'éloignement de la maison mère.