BOURGOGNE CAPÉTIENNE
Duché de Bourgogne
Comté d'Auxerre, de Chalons, de Mâcon
NB : Le département de l'Ain 01 sera traité avec les autres fiefs de l'Empire puisqu'il était inclus dans le comté de Genève.
Nous commençons à être éloignés des provinces de l'ouest et l'histoire de la Bourgogne n'offre que de très rares occasions de retrouver nos Saxons de l'ouest et leurs stratégies guerrières. Il y en a une cependant pendant le règne de Louis IV d'Outre-mer (936-954). Les rois carolingiens de Francie sont progressivement évincés et remplacés par les Robertiens. Le robertien Hugues le Grand, (898-956), comte de Paris, marquis de Neustrie de 923 à 956, puis duc des Francs à partir de 936, comte d'Auxerre de 954 à sa mort est le père d'Hugues Capet. Il préfère rappeler Louis IV de son exil en Angleterre plutôt qu'être roi lui-même.
Hugues le grand est également neveu d'Herbert II de Vermandois, comte de Vermandois, Soissons et Meaux qui tenait Charles III prisonnier. Petit fils de Robert le Fort, il se maria en 914 avec une fille de Roger du Maine ce qui, avec sa fonction de marquis de Neustrie, nous confirme qu'il fut particulièrement concerné par la gestion des marches normandes. Vers 926 il épousa Eadhild de Wessex, fille du roi anglais Edouard l'Ancien, soeur de la mère de Louis IV et en troisième noce (vers 937) Hedwige de Saxe fille d'Henri Ier l'Oiseleur, soeur de la reine Gerberge et mère d'Hugues Capet. Hugues le Grand ne pouvait donc pas ignorer nos Saxons de Bayeux.
Malgré les liens de parenté, les relations entre Hugues le Grand et Louis IV sont compliquées, et les zones d'influences entre carolingiens et robertiens sont approximativement montrées sur la carte ci-contre. La Bourgogne fut découpée en trois zones par le traité de Langres :
Il va sans dire que les deux Hugues aspiraient à exercer le pouvoir sur l'ensemble de la Bourgogne partagée entre trois seigneurs plus ou moins légitimes qui avaient le titre de duc de Bourgogne.
"Le fils aîné de Richard de Bourgogne, Raoul (890-936), lui succède à la tête du duché de Bourgogne jusqu'en 923, date à laquelle il devient roi de Francie occidentale, laissant le duché à son beau-frère, Gilbert de Vergy, comte de Dijon, de Beaune et de Chalon.
Cependant, cette donation n'est pas du goût du frère puîné Hugues le Noir (?-952) ni de Hugues le Grand (898-956), alors comte de Paris et marquis de Neustrie, qui se liguent contre le nouveau duc.
Cette querelle intestine prend fin, en 938, par le traité de Langres divisant le duché en trois parts égales; mais il faut attendre 943 pour que Louis IV d'Outremer (920-954), roi de Francie occidentale, donne le duché réunifié à Hugues le Grand (898-956), qui le conserve jusqu'à sa mort, en 956."
Duché de Bourgogne
Le Sonnet est sur un coteau proche de quatre châteaux médiévaux : Montbard, Monfort, Rochefort à Asnières en Montagne et Rougemont donc certainement à la limite entre deux ou trois domaines.
En 1070 Montbard est la ville natale de sainte Alèthe de Montbard, la mère de saint Bernard de Clairvaux. L'oncle de ce dernier, le comte André de Montbard est l'un des neuf chevaliers qui ont créé l'ordre des Templiers et fut le cinquième grand-maître du Temple de 1153 à 1156. L'abbaye de Fontenay créée par Bernard de Clairvaux en 1118 est toute proche.
Un tout petit peu plus au sud, le Château de Monfort abrita par trois fois le Saint Suaire reçu croit-on des Templiers. Le premier château de Montfort date des environs de 1075. Ce fut le château de Jeanne de Vergy vers 1340 que nous allons retrouver aux n°D et 4.
Compte tenu de sa situation, Le Sonnet se présente comme un point haut entre trois châteaux médiévaux: Montbard, Rochefort et Rougemont. Rochefort au nord, plus près de Tonnerre, sera donc considéré comme à la frontière capétienne. Le Sonnet devait donc rapporter à Montbard place forte bourguignonne d'Hugues le Grand entre 943 et 956.
Carte; Hypothèse d'affectation : Hugues le Grand
Le lieu est sur la commune de Vesvres sous Chalancey donc sur la frontière entre le duché de Bourgogne et le comté de Langres, plus près de Chalancey et de son château qui appartenait aux Grancey que nous allons rencontrer au numéro suivant. Les deux sites ne sont séparés que de 6 km. Champ Senay n'est qu'à 100 m de la limite séparant la Haute-Marne 52 de la Côte-d'Or 21. Il s'agit d'un champ longeant la Venelle. La position défensive devait se trouver sur les bords d'un des plateaux surplombant la Venelle. Peut être à l'endroit de l'obélisque.
Carte: Hypothèse d'affectation : Hugues le Grand
C'est une combe du vaste plateau de la forêt de Cussey. La seule fortification médiévale dans la vallée voisine est celle de Grancey-le-Château-Neuvelle. Le château de Grancey existait autour de l'an 1000. Eudes de Grancey fut templier à Bure vers 1121 (Acta templarorium p. 206). Le seigneur de Grancey protégeait Bure et ses templiers, une des toute première commanderie de l'Ordre suite au don de Payen de Bure, vassal de Raynald de Grancey qui y conservait le droit de justice. Marey-sur-Tille village proche dans la baronnie de Grancey existait au IXème siècle. Son acier était réputé. Ce devait être aussi le cas pour celui de Cussey, les forges étant entre les deux villages.
Un ensemble de forteresses et de Seney suit la frontière : Poinson-Lès-Grancey, Grancey-le-Château-Neuvelle, Combe-Seney, Chalancey et Champ-Senay (n°B). Probablement tenues par les Grancey (attestés vers l'an mille) inféodés à Hugues le Grand.
Carte; Hypothèse d'affectation : Hugues le Grand
Les Saunées est une petite combe de la commune de Missery dépendant de Mont-Saint-Jean, au bord du plateau de la Rèpe qui porte aussi les forteresses de Charny et de Mont-Saint-Jean. Charny regarde vers le nord-est, Mont-Saint-Jean vers le sud-ouest et les Saunées vers l'ouest. Cette colline de la Rèpe est donc fortement fortifiée car elle constitue un verrou au dessus des routes (ou autoroutes) menant de la région parisienne à la vallée de la Saône qui permettait de descendre jusqu'à la Méditerranée. Sa position centrale permettait de contrôler l'ensemble du duché de Bourgogne.
Le château de Charny est célèbre par Jeanne de Vergy, épouse de Geoffroy Ier de Charny (en 1340), seigneur de Lirey, la plus ancienne propriétaire attestée du saint suaire de Turin qu'elle détenait de sa famille. Elle était petite fille et aurait reçu le saint suaire de sa grand mère Isabelle de Ray (sur Saône ce qui n'a rien à voir avec les sires de Rais de Vendée) fille d'Othon de la Roche, duc d'Athène.
Le château de Mont-Saint-Jean appartenait aussi aux de Vergy, grande famille de Bourgogne dont était issu Gilbert de Chalon un des prétendant au comté de bourgogne après 923. C'est à partir de l'histoire de ce château que l'on va pouvoir émettre une hypothèse :
" La première mention connue du château date de 924 : la chronique de Flodoard le cite deux fois, sous le nom de Castellum Montis Sanctis Johannis. Cette année-là Raynard de Vergy, vicomte d'Auxerre et frère de Manassès II "comte de Dijon", s'en empare avec l'aide de ses neveux Valon et Gislebert de Vergy, après la mort en 921 du comte d'Auxerre Richard le Justicier. Raoul duc de Bourgogne puis roi des Francs, reprend le château plus tard dans l'année. Reynard aurait livré son fils en otage. La chronique ajoute que le roi Raoul passe quatre semaines à Saint-Remy de Reims, se rend de là à Soissons, puis en Bourgogne et qu'il ne rentre en France qu'après avoir reçu et pris possession de Mont-Saint-Jean des mains de Raynard.
Raoul confie peut-être ensuite Mont-Saint-Jean à Reynard, car 150 ans plus tard un "Raginardus de Monte sancti Johannis" est nommé dans deux chartes de 1076 et 1077."
Contrairement à l'hypothèse citée dans Wikipédia ci-dessus, Raoul n'a pu confier ce château qu'à Hugues le Grand son marquis en Neustrie et également son beau-frère avant sa mort sans descendance en 936. Hugues le Grand était alors abbé laïc de Saint-Germain d'Auxerre et maître d'Autun de chaque coté de Mont-Saint-Jean. Hugues le Grand maria son second fils Otton de Bourgogne avec Lietgarde de Chalon fille de Gilbert de Chalon (alias de Vergy) en 955, ce qui peut expliquer le retour du Mont-Saint-Jean à la famille de Vergy car le successeur d'Otton fut son frère Eudes.
Carte; Hypothèse d'affectation : Hugues le Grand
Un chevalier de Bourgogne au XV ème siècle, Erard de Digoine (ou Herart de Digonnes) portait le titre de Seigneur de Saint-Sonay lors de son vœu à Lille le 20 février 1453 de servir le duc Philippe de Bourgogne en vue d’une croisade contre les Turcs (« Chronique de Mathieu d'Escouchy » 1863 Tome II page 199). Son frère, Chrétien de Digoine avait fait le même vœu mais portait le titre de seigneur de Thianges 58260 qu’il avait dû acquérir lors d’une campagne en Flandre (« Collection de documents inédits concernant l’histoire de la Belgique » de L.P. Gachard 1834 Tome II page 391). Lors de son mariage avec Claude de Mello après 1462, Erard de Digoine portait le titre de seigneur de Savigny (« Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France » de Lainé 1836 Tome V page 61 »). Digoine de Bourgogne est dans la commune de Palinges 71430. Le château originel date du Xème siècle et était construit sur une motte.
Il s'agit en fait d'une faute de copiste entre Saint-Sonay et Santenay, peu éloigné de Savigny-les-Beaune, dont les Digoine étaient (partiellement) seigneurs. Cette même faute s'est produite en Anjou à Restigné (voir Anjou n°1)
Hypothèse d'affectation : Autres toponymes
COMPLÉMENT
Duché de Bourgogne
- 1 - Fontaine de Senailly, 89310 Censy :
Ce site a pu être un avant-poste, à 300m d'altitude, du Château de Noyers-sur-Serein (ci-contre) pour surveiller aval et amont de la vallée du Serein. Un des plus beau et des plus puissant château du pays, véritable porte pour la Bourgogne sur la frontière avec la Champagne, Noyers a une longue histoire que l'on ne connait qu'à partir de 1039. De franc alleu, les Milon (ou Miles) de Noyers n'étaient redevables ni du duc de Bourgogne ni du comte d'Auxerre.
Le château de Noyers est au centre de la première guerre de succession de Champagne, une sombre histoire de famille où sont mêlés la régente de Champagne Blanche de Navarre, le roi Philippe Auguste, les Plantagenêts Richard Coeur de Lion, le roi de Jérusalem Henri II de Champagne, le duc de Lorraine Thiébaud Ier, l'empereur Frédéric II... Milon VI de Noyers accueillit, en 1216, en son château, son beau-frère prétendant au comté de Champagne Erard de Brienne-Ramerupt (voir Champagne n°7 et Île-de-France n°5 et a avec ses partisans et y furent attaqué par les soldats de Blanche.
Guillon, tout proche, est célèbre par son traité dit des moutons d'or (janvier 1360) entre Edouard III et Philippe de Rouvre mettant fin à la chevauché du roi d'Angleterre, en prélude au traité de Brétigny (mai 1360) avec ses conséquences pour l'histoire de la Guyenne. Nous sommes là sur la frontière nord ouest du duché, région fortement fortifiée. Le Champ de la Sonne, trop proche du château de Guillon, est plutôt un poste de guet pour Montréal au passé prestigieux dès l'époque mérovingienne ou Epoisses tout aussi ancien voir n°5.
Carte; Hypothèse d'affectation : Charles le Chauve
Le nom de ce site fait manifestement référence aux Fontaines Salées romaines qui y ont été exploitées depuis le néolithique jusqu'au XIIème siècle. Il n'est pas impossible qu'une surveillance ait été en veille sur les hauteurs du mont Libœuf voisin du site pour prévenir de l'arrivée des gabelous. La vallée de la Cure est riche en souvenirs historiques car une voie romaine y passait. Elle a connu une bataille de Girart de Roussillon et le château de Pierre-Perthuis qui défendait le site était siège d'une seigneurie au Xème siècle. Sans parler de Vézelay et de la basilique Sainte Madeleine ainsi qu'une chapelle des Templiers à Tharoiseau.
Hypothèse d'affectation : Autres toponymes
Le site n°1 a pu assurer la fonction de guet pour le site n°A qui est tout proche mais dans la vallée voisine avec un petit col très facile à franchir. De même, Senailly pouvait assurer le guet amont et aval de la vallée de l'Armançon, vallée importante et sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Senailly était connu de Charles le Chauve qui en fit don à l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre en 853.
Carte; Hypothèse d'affectation : Charles le Chauve
Soncourt n'a manifestement pas vocation à être un poste de guet car il aurait été sur le Raseau, tout proche (1,5 km) qui aurait été choisi compte tenu de sa vue dégagée à 360° et ses sept châteaux en vue directe. Les signaux visuels étaient fréquents dans la région - voir wikipédia au château de Pizy :
Les seigneurs d'Époisses, de Pizy, de Montelon, de Thizy, de Montréal et de Montjalin, pouvaient correspondre entre eux durant la nuit à l'aide de feux, et durant le jour par la fumée. Ces différentes forteresses sont, en effet, placées de manière à échanger des signaux pouvant ainsi parvenir aux grands châteaux de Semur-en-Auxois et d'Avallon, desquels elles dépendaient.
Soncourt est tout de même en vue de Senailly n°4 et du château de Pizy de l'autre coté de la frontière entre la Saône-et-Loire avec l'Yonne. Une autre frontière beaucoup plus ancienne passait entre ces châteaux, c'est celle entre le comté d'Avallon et le comté de Tonnerre. Cette frontière suivait à cet endroit le cours du Serein (légèrement au delà par rapport à Avallon, voir les pagis bourguignons du IXème siècle). Or Girart de Roussillon (mort en 877) était comte d'Avallon et avait ses châteaux (Fontenay et Dornécy) et ses abbayes (Pothières et Vézelay) dans la région. Quant on connait les tensions entre Girart et Charles le Chauve en 870 au moment du traité de Meersen, on comprend pourquoi la région s'est hérissée de châteaux qui s'épiaient les uns les autres.
Carte; Hypothèse d'affectation : Charles le Chauve
Même phénomène qu'avec Soncourt au n°5, La Saunière délaisse une butte favorable à l'implantation d'un guet pour un endroit en plaine au bord du canal de Bourgogne peu éloigné d'une frontière historique, ici entre le comté d'Avallon et celui de l'Auxois et la proximité de deux châteaux qui se faisaient face, le château de Thil (attesté en 886 !) coté Avalon et le château de Ledavré commune de Clamerey coté Auxois. A noter que Semur-en-Auxois était implanté sur cette même frontière.
Carte; Hypothèse d'affectation : Charles le Chauve
Ce site devait marquer une limite de propriété car situé au bord de l'Oze. C'est l'endroit qui avait été choisi par Henri Darcy pour faire passer la voie de chemin de fer entre Paris et Dijon en construisant un tunnel de 4,1 km sous le seuil de Bourgogne. Il se peut que cette limite soit celle des terres de l'abbaye de Saint Seine à Saint-Seine-l'Abbaye créée en 731 et implantée près des sources de la Seine. Le bois de Cestre où s'est implanté l'abbaye est proche du site.
Carte; Hypothèse d'affectation : Défense des abbayes
Sonnotte est au pied du château de Mont-Saint-Jean mais contrairement à l'habitude est au bord du Serein qui, avec l'Armançon, constituaient les deux voies de passage de chaque coté du plateau de la Rèpe et menant à la vallée de la Saône. Elle avait donc plutôt la fonction de lieu de péage pour le compte du château. Il y avait bien un château à Sonnotte en 1721, il en reste un pigeonnier. Le château de Mont Saint Jean a été étudié au n°D. Sonnotte pouvait également dépendre de la seigneurie de la Motte-Ternant dont le château était peut être sur le Mont Rond et barrait aussi le passage dans la vallée.
Carte; Hypothèse d'affectation : Hugues le Grand
Il s'agit d'une combe donnant accès à un des point culminant du plateau. Cet endroit appelé "Tres Valles" déjà mentionné dès le VIIème siècle comme appartenant à Ansbert évêque d'Autun (692), fut le site originel de l'abbaye cistercienne d'Aseraule. L'abbaye fut ensuite réimplantée plus bas près de Bussière et connut la prospérité. Il est difficile d'affecter cet endroit à l'un des châteaux des vallées alentour, mais la position est idéale pour servir de relais à un système de communication par les sommets du plateau.
Carte; Hypothèse d'affectation : Défense des abbayes
Voici un endroit riche en histoire et même en préhistoire avec des souvenirs celtiques et gallo-romains notamment à Médiolanum. Un combat entre Francs et Burgondes y a lieu en 500. Clovis allié avec Godegisèle défait le frère de ce dernier Gondebaud. Ce combat se passa sur le plateau du Beuchail qui surplombe la combe au Sène. Une occasion unique de voir des saxons dans la banlieu de Dijon ! Au moyen-âge, le site pouvait rapporter au château de Mâlain (XIème) qui contrôlait le passage du seuil de Bourgogne (voir n°7).
Créé en 1887 Sennecey faisait partie des forts de défense autour de la ville de Dijon. C'était peut être déjà le cas au moyen-age.
Hypothèse d'affectation : Indatable
La Saunoise est trop près de Longecourt pour constituer un guet pour ce château qui était à cet endroit sur une motte féodale depuis longtemps. La Saunoise ne peut donc pas être une défense pour l'abbaye Notre Dame de Citeaux peu éloignée fondée en 1098. En effet, le troisième abbé de Citeau Etienne Harding était anglais. Il s'agit peut être simplement d'un poste de péage sur la route de Dijon à Losne installé après 1323 quand Eudes IV de Bourgogne donna Longecourt à Edouard Ier comte de Bar en compensation de la dot de sa sœur Marie. Edouard de Bar était le fils d'Aliénor d'Angleterre, voir Lorraine n°n, et introduction au comté de Bar. En effet, les convois de sel provenant des salines de Franche-Comté passaient à cet endroit avant d'atteindre Dijon.
C'est peut être l'endroit où les convois de sel dont nous venons de parler au n°c payaient l'octroi pour passer le pont de Losne et pour entrer en royaume de France dont la frontière se trouvait sur la Saône. Un pont de bois existait en 1162. Il y a eu aussi à Losne une abbaye Sainte Marie fondée par Thiérry (peut être II, mort en 613).
Hypothèse d'affectation : Autres toponymes, Verdun
Le Champ Senard se trouve à la limite du comté d'Autun et de celui de Nevers. Plusieurs lieux importants entourent ce site:
Robert le Fort fut nommé par Charles le Chauve comte d'Autun de 861 à 866 en remplacement de Bernard Plantevelue dont le père Bernard de Septimanie avait été décapité sur l'ordre de Charles en 844. Pendant toute cette période Bernard Plantevelue n'a pas cessé de réclamer le comté à Robert par les armes et finit par y parvenir, ce qui fait de cette action contre la volonté du roi une des première revendication héréditaire de l'histoire de la féodalité.
Pas étonnant que Robert le Fort ait tout fait pour défendre sa frontière de l'ouest contre les attaques en provenance du royaume d'Aquitaine. Un lieu dit "les Forges" est comme souvent habituel dans le voisinage de nos sites.
Carte; Hypothèse d'affectation : Robert le Fort
Sornat et son manoir maison d'hôtes est certainement sur l'emplacement que les romains avaient choisi pour construire un fort sur une légère élévation à l'ouest de Bourbon-Lancy (il n'y en a pas d'autre avant la Loire). Le seigneur le plus ancien connu de Bourbon-Lancy est un homme de la garde du comte de Chalon en 988 nommé Anséïde. Or, de 979 à 987 le comte de Chalon n'est autre que le comte d'Anjou Geoffroy Grisegonelle qui a épousé en seconde noce la veuve de Lambert de Chalon. A noter qu'à l'époque, la seigneurie de Bourbon existait tout juste sur les bords de l'Allier suite à l'octroi à Aymar de Bourbon de terres anciennement détenues par le comte d'Autun par le roi Charles le Simple en 913. Le site en bord de Loire était donc peut être déjà sur la frontière entre les deux comtés. D'autres comtes d'Autun avaient été précédemment utilisateurs du toponyme : Robert le Fort de 861 à 866 - Boson V de Provence de 879 à 880. Un lieu dit "Les Forges" se trouve là aussi près du site.
Le Champ Saunier est au sommet d'une colline juste au dessus du château du Breuil qui est construit sur l'une des mottes féodales de la commune de Geugnon. Or la basse vallée de l'Arroux qui passe à Geugnon est connue pour avoir été sur la frontière entre le royaume d'Aquitaine et la Francie Occidentale du temps d'Hugues le Grand (~898-956) notamment.
Carte; Hypothèse d'affectation : Hugues le Grand
Chassenard a beau être une commune de l'Allier, elle est cependant rattachée à la province de Bourgogne jusqu'à la révolution. Les Saulnières étaient donc bien sur la frontière en dépendant de la Motte-Saint-Jean à portée de vue malgré sa situation en rive gauche de la Loire. La Motte existait au X ou XIème siècle, elle est donc historiquement inséparable des sites n°f et g d'autant plus qu'en 1065 le lieu appartenait au comte de Chalon et qu'en 1222 Guillaume de Morillon et de la Motte-Saint-Jean se déclare vassal de Bourbon-Lancy n°f.
Carte; Hypothèse d'affectation : Hugues le Grand
Saulnière est près de Charolles qui était la capitale du comté de Charolais. A l'origine, cette région de l'Autunois est gérée par le comte de Chalon de 973 à 1237. Hugues IV de Bourgogne l'achète au comte de Chalon en 1237 pour en faire un apanage à son héritier à la façon du roi de France pour le Dauphin, il est passé comté entre 1270 et 1316. Le comté est formé de quatre baronnies dont celle de Lugny-lès-Charolles qui détenait Changy, de Nochize et de Hautefond. soit une sorte de croissant autour de Charolles. Lugny, avec le château de Grammond appartenait aux Semur-en-Brionnais que nous avons rencontré au n°e. Saulnière et le ruisseau de Saulnière qui borde le site devaient donc constituer la limite entre la capitale du comté de Charolais et la baronnie de Lugny. Un autre point de la frontière sur la rive gauche de l'Arconce est constitué par le donjon de Montessus.
Un peu plus haut en amont sur l'Arconce se trouve un de ses affluent, la Sonnette. Ce ruisseau séparait les baronnies de Saint-Bonnet-de-Joux, dont dépendait Martigny-le-Comte sur la rive gauche, et de Digoine (voir n°E).