ÎLE DE FRANCE
Domaine royal, Evêché de Beauvais
Comté de Soissons, Comté de Dreux
DOMAINE ROYAL
- A - Saunais, 95110 Sannois :
En région parisienne, la ville de Sannois était parfois nommée Saunais (« La navigation aérienne » de Arthur Mangin 1869 page 73).
Si l’on s’en réfère à l’encyclopédie Wikipédia, « L'étymologie du nom de la ville de Sannois n'est pas très bien déterminée. Le nom viendrait de centum nuces, « cent noix » ou plutôt « cent noyers », la ville comptant alors beaucoup de vergers, et donc d'arbres fruitiers. Elle pourrait aussi avoir des origines celtes et provenir des mots « san » (herbe à fourrage) et « noue » (terre grasse). Une origine latine serait aussi possible avec le nom centinodium qui signifie cent mesures de bois de chauffage ».
Hypothèse d'affectation : Autres toponymes
Compléments
EVECHE de BEAUVAIS
- 1 - Bois de Senantes, 60380 Thérines :
- 2 - Senantes, 60650 Senantes :
On peut se poser la question : pourquoi le bois de Senantes est-il si loin de la ville de Senantes : 15 km alors qu'il y a entre les deux la forêt domaniale de Caumont ? En fait, et selon toutes les dénominations déjà vues, Senantes serait synonyme de frontière et délimiterait la frontière est de la seigneurie normande de Gournay. La capitale de cette seigneurie était Gournay en Bray sise sur les rives de l'Epte. Les sires de Gournay étaient des fidèles du duc de Normandie installés là par Rollon. Ayant participé à la conquète de l'Angleterre avec Guillaume le Conquérant, ils avaient également des terres en Angleterre. Hugues III de Gournay, par son mariage avec la fille de Gérard Flaitel, agrandit considérablement la seigneurie jusqu'à la mer. Il a du se trouver à l'étroit coté rive gauche de la rivière et désiré agrandir son territoire à l'est au moins jusqu'à la ville de Senantes.
Le Bois de Senantes, quant au n°1, est tout proche du château de Mercastel à Villers-Vermont. Ce château fut érigé mi-XIème siècle par Antoine-Henri de Mercastel, le premier à entrer au Saint Sépulcre en 1099, chevalier banneret anglais, sûrement appelé par Gérard II de Gournay (qui participa également à la première croisade) pour étendre ses possessions en Picardie. les Mercastel furent ensuite de vaillants soldats dans les armées françaises après la conquête de la Normandie par Philippe Auguste en 1204. Les deux sites seraient alors approximativement du fin XIème.
COMTE de SOISSONS
Le mot "Son" ne peut être pris ici au sens de sommet puisque le site est en fond de vallée au pied du plateau du Fort de Condé proche de Soissons. Le village de Vregny sur l'autre coté de la vallée fut donné par Charles le Chauve à l'abbaye de Marchiennes. Tout près, il existe une famille portant le nom de Vergogne.
Carte; Hypothèse d'affectation : Charles le Chauve
A nouveau un lieu en position de guet, en bord de plateau et sur la frontière avec le comté de Valois qui est rattaché au domaine royal par Philippe Auguste en 1185. Le lieu est près d'une autre tour d'observation dont s'est servi le général Mangin en 1918 pour conduire la seconde bataille de la Marne, la Tour de Réaumont. Vivières était une grande ville du haut moyen-age qui s'appelait alors Houssoye (nom que l'on retrouve près de la Normandie). Elle fut fortifiée par Philippe d'Alsace, comte de Vermandois. Philippe Auguste vint à Vivières en 1215 pour fixer la frontière entre les comtés de Soissons, tenu par les Vermandois, et le comté de Valois. La châtellenie de Vivières était commune avec celle de la Ferté-Milon. Le comté de Soissons fut dirigé par un Normand Guillaume Bussac de 1057 à 1076 possiblement dépossédé du comté d'Eu par Richard II de Normandie en 1050. C'est à lui que nous attribuerons le nom du site car son père Guillaume Ier fut comte de Hiémois avant d'être comte d'Eu.
COMTE de VALOIS
Le site de Sennevières a dû servir de guet pour le château de Nanteuil-le-Hardouin qui a eu une longue histoire lors du haut moyen-age puisque sur la route entre Paris et Soissons. La première mention de la seigneurie de Nanteuil est utilisée pour Hildouin de Breteuil qualifié de seigneur de Nanteuil-le-Hardouin (voir ci-après).
Dans la famille de Ponthieu : Hilduin III (~933-1009) est comte de Montdidier et Ponthieu, seigneur de Breteuil ; en première noce, il épouse Hersende la Pieuse (?-~950) de Ramerupt, comtesse d’Arcis et, en seconde noces, Alix (Adélaïde) de Roucy. Leur descendance donnera les maisons de Montdidier-Roucy et de Ramerupt. Ils ont deux fils : Hugues II de Montreuil ou Ier de Ponthieu (~970-1000) et Hilduin de Breteuil (~975->1000). Hugues comte de Montreuil, Avoué de Ponthieu et de Saint-Riquier épouse Gisèle de France, fille d'Hugues Capet aura pour postérité la maison de Ponthieu-Bellême. Hilduin donnera naissance à la maison de Breteuil et de Nanteuil-le-Hardouin. Quant on sait que les Ponthieu ont longtemps été vassaux des ducs de Normandie, on ne peut s'étonner que leur descendance aie utilisé les guets à la façon normande (voir Champagne n°7).
DOMAINE ROYAL
Est-ce une flèche perdue ou un complot qui a tué le roi d'Angleterre Guillaume le Roux ce 2 aout 1100 pendant une chasse en forêt de New Forest ? Le principal suspect fut un ami Français du roi, Gautier II Tirel (? - ~1115) seigneur de Poix, de Pontoise et lord de Langham. Celui-ci s'était en effet éclipsé pour rejoindre au plus vite son château de Poix-de-Picardie dans le Vexin Français. Avant sa vente au XIIIème siècle à la reine Blanche de Castille pour être donnée à l'abbaye de Maubuisson créée en 1241, la terre de Bessancourt accolée à notre site appartenait aux Tirel. Le poste de guet pouvait se situer sur la ligne de crête légèrement au dessus de l'oppidum appelé camp de César à Taverny. De là il dominait l'abbaye du val Mériel et surtout le pont d'Auvers-sur-Oise plusieurs fois construit et reconstruit par Charles le Chauve entre 862 et 885.
Compte tenu de sa position sur le bord d'une entaille profonde creusée dans le plateau du Mantois par le ru de Senneville, la ville a été frontière de la Normandie chaque fois que Mantes a été normande ou anglaise. Cela s'est produit souvent, le Vexin ayant été partagé entre Vexin français et Vexin normand :
De cet ensemble de possibilités, la période de 1031 à 1035 est une candidate sérieuse. C'était à la mort de Robert II le Pieux. La couronne des Francs était disputée entre ses fils Henri Ier et Robert Ier de Bourgogne. Robert Ier de Normandie ayant aidé Henri à conquérir son trône, celui-ci lui donna la suzeraineté sur le Vexin français. Le comte de Vexin et d'Amiens, Dreux II s'attacha au duc Robert et le servit jusqu'à sa mort en 1035. Il avait même épousé en 1013 Godgifu fille d'Æthelred le Malavisé, roi anglais réfugié à Rouen.
La période 1109-1110 est également très probable compte tenu du nombre de guets créés en Ile de France lors de l'insurrection de Philippe de Mantes-Montlhéry (voir n°a).
Au premier abord il n'y a pas grand chose à espérer de cette cité résidentielle avec un nom moderne banal. Et pourtant... elle devait être en limite de la tour médiévale de la Queue-en-Brie reçue en cadeau de mariage en 1141 du roi Louis VII à Agnès de Monfort. Elle épousait en effet Galéran IV de Meulan (1104–1166), seigneur de Beaumont-le-Roger, de Gournay-sur-Marne, comte de Meulan, vicomte d'Évreux et comte de Worcester. La vie de Galéran est incroyable, proche du roi Henri Beauclerc puis du roi Etienne de Blois dont il épousa la fille Mathilde (qui avait 2 ans et qui mourut à 6 ans), de Mathilde l'Emperesse et de Louis VII - un vrai roman ! Il fut l'un des grands acteurs de la politique anglo-normande du XIIème siècle. Pas étonnant que l'on trouve une "Sonnette" en limite de sa propriété de La Queue-en-Brie sur la route de Paris. Ils eurent 9 enfants et une nombreuse descendance.
Carte; Hypothèse d'affectation : Geoffroy V.
Nous restons ici dans la même famille car Agnès de Monfort, dont il est question au n° précédent, avait hérité de sa mère Agnès de Garlande la seigneurie de Rochefort en Yvelines héritée du sénéchal de France Anseau de Garlande. Le château de cette seigneurie était celui construit par Gui de Montlhéry dit le Rouge (1055-1108) proche de l'énorme château de Porgès (de 1899 à 1904) qui le remplace. Rochefort faisait face au château de Louis VI à Dourdan. Agnès de Monfort était la nièce de la reine Bertrade de Monfort et la cousine germaine de Foulque V d'Anjou. Sonchamp a donc certainement été créé comme guet du château de Rochefort installé sur les bords de la Rémarde par Galéran IV de Meulan.
La puissante famille de Montlhéry (château ci-contre) était très proche du roi Philippe Ier dont le fils Louis devait épouser une fille de Guy de Rochefort, Lucienne. Le trône de France avait été promis à Philippe de Mantes né vers 1092 de sa seconde femme Bertrade de Montfort (petite nièce de la femme de Guy Ier de Montlhéry) enlevée d'auprès de Foulque le Réchin après répudiation de Berthe pour motif de consanguinité. A cet effet, un mariage entre ce Philippe et Elizabeth de Montlhéry fille de Guy II est arrangé. Le 29 juillet 1108 le roi Philippe Ier meurt dans son château de Melun. Deux prétendants à la succession se font donc jour : Louis VI né en 1081 de la première femme de Philippe Ier, Berthe de Hollande, et Philippe de Mantes. La succession est fondée uniquement sur la validité ou non du premier mariage de Philippe Ier. Fort du soutien de sa puissante belle-famille, car il avait épousé Elisabeth de Montlhéry dame de Mantes et Montlhéry en 1104, Philippe de Mantes forme une large coalition pour contrer le sacre à la sauvette organisé par l'archevêque de Sens Daimbert à Orléans au grand dam de celui de Reims Raoul le Vert. Dans ce complot se trouvent Bouchard IV de Montmorency, Robert de Beaumont, Eble II de Roucy, Amaury III de Montfort, Galeran IV de Meulan, Gui le Rouge, Hugues de Crécy, Hugues III du Puiset, Guy II de Montlhéry. Suivant la stratégie chère aux Normands et aux Anglais et certainement à l'instigation de Galeran IV de Meulan, chacun de ces seigneurs a protégé son château par des guets efficaces dont les noms sont ceux que nous étudions. Voici, sous forme de tableau les différents sites et personnages concernés par le complot :
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-----------------!------------------- |
---------------!--------------- | -------------] | |
Guy de Rochefort | Elisabeth de Mtlhy | Alix de Mtlhy | |||
[------------- |
----------------!------------------ |
---------] | ! | ! | ! |
Béatrice de Mtlhy | Miles de Courtenay | ||||
! | ! | x | ! |
|
! |
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Manassès de Melun |
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Et ce n'est qu'une toute petite partie de la famille, Guy Ier ayant eu 7 enfants et Miles 9. Pour les autres conjurés :
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Seigneur | de à | Château | Numéro | Nom du site | |
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1092-1133
1104-1166
?-1109
1065-1111 1069-1138 ?-1103
?-1132 ~1090-1152 |
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Senneville La Sonnette Les Sonnettes Sonchamp Le Buisson Saunier La Roche qui Sonne Les Sonnettes Sonville Horle-Botte-Son La Voie Saunière Sonvilliers Sonville et Senneville |
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Le site lui même ne présente un intérêt que par sa proximité avec la nationale 20, ancienne voie de Paris à Orléans en association avec le lieu-dit "la Motte" à Avrainville. L'ancienne voie empruntait donc le chemin des Postes.
- c - La Roche qui Sonne, 91590 Baulne :
Le château de La Ferté-Alais fut construit par le roi Robert Ier au Xème siècle pour protéger Paris des invasions normandes. Vers 1095 Guy II de Montlhéry reçoit la seigneurie de la Ferté de sa mère Hodierne de Gometz et prend le contrôle de la forteresse. Lors de la coalition de 1108, il doit protéger ses terres des attaques de Louis VI (voir n°a).
Le site du buisson Saunier longe la frontière communale séparant le domaine de la Ferté de celui du château du Saussay sur la commune de Ballancourt-sur-Essonne. Ce château a été construit à l'emplacement d'un ancien château du XVème sur les terres d'une ancienne commanderie templière.
La Roche qui Sonne jouxte le lieu dit "la Commanderie" et devait être une borne qui marquait la limite entre les deux domaines à la façon du site n°4 du comté de Vendôme.
Le château de Blandy-les-Tours (ci-contre) auquel se référe notre site n'était alors qu'une simple maison forte confiée par le roi au vicomte de Melun. Au moment de la conjuration du n°a, le vicomte de Melun était Manassès marié vers 1090 à Marguerite de Montlhéry.
Les Sonnettes sont toutes proches de la ferme fortifiée des Epoisses (XIIIème siècle) où fut inaugurée la toute première moissonneuse-batteuse. Les sonnettes sont proches de la frontière du domaine royal avec la Champagne.
L'hypothèse la plus probable est que Sonville soit le guet du Château de Mez-le-Maréchal construit sur un ancien oppidum préexistant à la voie romaine dite de César puisqu'elle fait un crochet pour l'éviter. Le château est alors dans les mains de la famille Clément depuis le mariage de Robert Ier Clément avec Béline de Château Landon fille d'un vicomte de Melun. On ne sait pas comment rattacher Béline à la famille de Montlhéry mais elle l'était soit par Foulque de Château-Landon époux de Biotte de Montlhéry-Rochefort fille de Guy de Rochefort soit par Josselin de Courtenay époux d'Elisabeth de Montlhéry. Le château du Mez pouvait en effet se situer à la frontière nord de la seigneurie de Courtenay. Tout cela autour de Château-Landon et des comtes d'Anjou issus de la sœur de Foulque Nerra, Ermengarde d'Anjou.
COMTE de DREUX
Jusqu'en 1248, le fief de Sorel est confié à la gestion des seigneurs de Thymerais étudiés avec le Perche. Nous sommes donc à la frontière de la Normandie et du domaine royal. Le château de Sorel fut d'ailleurs conquis par Henri Ier en 1113 sur Gervais Ier de Châteauneuf (1105-1140). Avant d'épouser Mabille de Châteauneuf, Gervais était grand sénéchal de Philippe Ier. Il était proche des Montfort, des Montgomery (Bellême) et des Breteuil (voir n°5) branche d'Alix de Montlhéry.
Le château de Nogent-le-Roi en 1080 est une simple motte castrale aux mains de Richard de Montfort (?-1092) frère de Bertrade de Montfort seconde épouse de Philippe Ier. La toponymie officielle faisant de Senantes un dérivé du gaulois Seno Nemeton (vieux sanctuaire) n'est pas incompatible avec un guet pour le château de Nogent-le-Roi faisant face à la forêt royale des Yvelines et au château royal de Saint-Léger avant que tout cela n'appartienne aux Montfort l'Amaury au XIIIème siècle. La conjuration contre Louis VI étudiée au n°a rendait en effet indispensable de se garantir contre une attaque royale. Voir aussi le n°9 de l'Orléanais.