Ce site est probablement un poste avancé du château de Thury commune d'Hom dont le seigneur Raoul Tesson dit l'Angevin, en 1047 faisait partie des barons rebelles contre Guillaume le Conquérant à la bataille de Val-ès-dunes. La Saunerie semble faire face au château de Falaise (ci-contre), capitale du duché de Normandie, où est né Guillaume le conquérant. Le site est situé sur un éperon entre deux rivières affluentes de la Laize.
Face au site précédent et en défense du château de Falaise, Saint-Pierre-Canivet détient un lieu-dit, pratiquement dans le village, appelé "les Cesnes" près de ce lieu, l'abbaye Sainte-Marie-aux-Dames mais surtout le Bois de la Tour où se trouve une motte féodale au lieu dit "Fontaine Bouillante" ou "l'Ile d'Amour", au domaine du château de La Tour du comte Louis François Anne de Séran, rendez-vous des plus célèbres écrivains du temps. Guillaume le Batard ou mieux le Conquérant a certainement engagé des Saxons (Cesnes) pour défendre ses biens contre les barons révoltés dont faisait partie Raoul Tesson (n°m) avec beaucoup d'autre. Ceci nous rappelle la défense du château de Lillebonne au n°A.
Cette Saunerie fait également face au château de Falaise et est au bord de l'Orne sur la frontière des département de l'Orne et du calvados. Elle est du coté du bocage flérien et devait dépendre du château de Flers. Cette partie de la Neustrie mérovingienne appelée Centena Noviacensus non encore normande ni bretonne était disputée entre la famille de Bellême et des seigneurs saxons indépendants avant le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911.
- q - Le Val Saulnier, 61100 Saint-Paul :
Les deux sites sont proches l'un de l'autre et l'on peut difficilement parler de sel si loin de la mer dans une région par ailleurs productrice. On y retrouve les Tesson du n° m puisque Mathilde de la Lande veuve Raoul IV Tesson est la principale donatrice de l'abbaye de Belle-Etoile à sa création. Elle leur donne en effet la partie nord-est de la commune de Chanu, tout proche de nos sites. Cela constituait la frontière sud de ce monastère qui possédait déjà le Mont Cerisy (avec peut être un château compte tenu de la position défensive de l'emplacement). L'autre partie de Chanu relevant du fief de la Fresnaye.
Signalons un peu plus au sud la commune de Tinchebray où, le 28 septembre 1106, eut lieu une bataille entre Henri Ier Beauclerc et Robert Courteheuse son frère. A l'issue de cette bataille, le duché de Normandie et le royaume d'Angleterre furent à nouveau associés.
Le village de Sennevière a pris le nom du ruisseau qui le traverse. Il se peut que ce ruisseau ait été la limite entre les propriétés du château d'Ô (ci-contre) abritant une illustre famille normande et celle de la ville de Sées tenue par les Belêmes souvent en lutte avec leurs voisins normands.
Carte; Hypothèse d'affectation : Saint-Clair-sur-Epte
Le site est au bord de la combe où la Sarthe prends sa source. La frontière traditionnelle de la Normandie avec le Maine, le Perche, le comté de Dreux et le domaine royal suivait la Sarthe depuis Saint-Céneri-le-Gérei au sud ouest d'Alençon jusqu'au Moulin la Marche au nord-est d'Alençon puis la vallée de l'Avre jusqu'à l'Eure et la Seine au sud est d'Evreux. La Saunerie de Ferrières est à l'endroit où les deux vallées se rejoignent. Elle est également entre deux forges du nom de Ferrière. C'est au long de la frontière sur l'Avre que l'on rencontre les fortifications décrites au n°H et t, ainsi que les Sauneries restantes.
Carte; Hypothèse d'affectation : Saint-Clair-sur-Epte
Reportons sur la carte les frontières historiques normandes le long des rivières correspondantes avec les lieux de n°H, t, r, s, v, et K ainsi que les châteaux frontaliers normands et thymerais.
Les chateaux normands :
Les châteaux thymerois :
Nous sommes là en pleine forêt au moyen-âge à la source de la Mayenne mais sur la frontière de la Normandie avec le Maine. Le site rapportait peut-être à Alençon distant de 20 km. Tout proche, il y avait une importante forge (Moulin de la Fonderie à 53140 Lignières-Orgères en forêt de Monnaie) jusqu'en 1664. Bois et minerai y étaient abondants comme à 61420 Saint-Denis-sur-Sarthon peu éloigné. Très souvent le mot de Sonay est proche de nom de lieu indiquant une forge. Nos guetteurs étaient aussi soldats et devaient fabriquer leurs armes. Le site était surement disputé car la frontière fait une verrue marquée pour garder Lignières en Mayenne.
Carte; Hypothèse d'affectation : Saint-Clair-sur-Epte
Toujours proche d'Alençon (13 km au sud) mais aussi d'Essay 61500 (5 km à l'est) avec un imposant château des Bélême sur motte castrale et de Sées (7 km au nord) également avec son château sur motte. Le site est sur la lisière de la forêt d'Ecouves autrefois plus étendue et sur la route d'Alençon à Sées. Sées et son évêché deviennent normands en 924 alors qu'Alençon anciennement sur la rive sud de la Sarthe sous le nom de Montsort reste encore aux Bélême comme dépendant de l'évêché du Mans. Cette Saunerie devait à cette époque dépendre de Sées et surveiller Alençon, situation inverse du n°r (avant et après Saint Clair sur Epte en 924).
Carte; Hypothèse d'affectation : Saint-Clair-sur-Epte
Le château médiéval de Chennebrun étant plus récent que ceux de L'Aigle et de Verneuil, La petite Saunerie proche de la frontière faisait office de poste avancé entre ces deux forteresses comme nous le verrons dans d'autre cas. On peut penser que la grande Saunerie aurait été à l'emplacement de Chennebrun (?). Et, bien sûr, encore des forges...
Carte; Hypothèse d'affectation : Saint-Clair-sur-Epte
Le toponyme n'incite pas à affecter le site à Château Gaillard qui se trouve à la distance habituelle. La route rectiligne D6014 est une ancienne voie romaine, il s'agit donc certainement d'une étape pour les caravanes chargées de sel. Ecouis tout proche est signalé sur la table de Peutinger et l'itinéraire d'Antonin sous le nom de "Ritumagos". C'était presque un centre industriel car on relève les lieux-dits suivants : "le Four à Chaux", "la Charbonnière" ou "le Chemin de la Forge". Corny était le siège d'un fief du comte de Pembroke, comté créé en 1138 par Etienne de Blois pour Gilbert de Brionne, comte d'Eu, fondateur de la puissante famille de Clare.
Hypothèse d'affectation : Autres toponymes
Le manoir de Senneville domine les boucles de la Seine à l'altitude de 150 m ! c'est donc l'équivalent du site de Château Gaillard aux Andelys tout proche choisi par Richard Cœur de Lion pour stopper les velléités de Philippe Auguste.
A l'autre extrémité de la falaise, le château des Deux Amants fait le pendant à Senneville par rapport à Amfreville.
Comme il n'y a pas de châteaux importants dans l'arrière pays, on peut simplement supposer que Senneville pouvait faire partie d'un réseau d'alerte depuis la frontière de Vernon, le long de la Seine, via Elbeuf jusqu'à Rouen.
Sénancourt est légèrement en retrait de la frontière normande et peu éloigné de Château-sur-Epte (ci-contre). Si Sénancourt devait son nom à un guet, ce serait avant le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 qui fixa les frontières de la Normandie de façon pérenne. Compte tenu du toponyme, cela parait peu probable. Nous sommes là proche de l'abbaye Notre Dame du Trésor dont il est question dans l'étude patronymique n°XI.
Carte; Hypothèse d'affectation : Saint-Clair-sur-Epte
- z - Les Sannières, 27620 Gasny :
Point stratégique pour surveiller le gué de Gasny pour le compte du château de Baudemont. Ce lieu a vu une bataille mémorable en 1118 entre Henri Ier Beauclerc et Louis VI le Gros. Il est donc très possible que des Saunay (voir les détails en cliquant sur Benoît de Saunay) ait été installé ici par Geoffroy V d'Anjou jusqu'à ce qu'en 1204 la Normandie devienne capétienne sous Philippe Auguste.
Carte; Hypothèse d'affectation : Saint-Clair-sur-Epte
Nous avons peut être là le type de construction en motte qui portait ces postes de guet que l'on dénommait Sonay. Veuillez consulter les sites suivants concernant la description de la motte de Merey:
A Merey nous sommes à un endroit stratégique où la frontière normande quitte l'Eure pour rejoindre la Seine en terrain découvert légèrement en aval de Vernon (ci contre la tour de Philippe Auguste) et son oppidum où ensuite elle suit la vallée de l'Epte. Vers 1200, le seigneur de Merey Philippe de Chambine devait encore 40 jours de garde au seigneur de Pacy. Un pont médiéval fortifié sur l'Eure existait entre Merey et Breuilpont, surement en vue de la tour sur la motte.
Carte; Hypothèse d'affectation : Saint-Clair-sur-Epte
La fonction de Sonevilla (forme ancienne de senneville en 1025) vis à vis de Fécamp est exactement la même que celle de la Croix Sonnet (Touques n°1) pour Touques : guetter la côte pour donner l'alerte à un château des ducs normands (ou plantagenets plus tard). Senneville domine en effet la Manche à 116 m d'altitude.
Fécamp abritait le château des premiers ducs de Normandie. Fécamp possède aussi les traces d'un oppidum celte.
Voilà un des plus petit royaune du monde constitué de quatre communes : Yvetot, Sainte-Marie-des-Champs, Saint-Clair-sur-les-Monts et Ecalles-Alix. Ce petit pays est plein de mystères ! Nous ne reviendrons pas sur son histoire rocambolesque ni sur son origine légendaire pour nous attacher à notre étude du Val-au-Cesne qui va rester tout aussi mystérieuse. Coté "Val", tout est clair puisque le royaume est bordé au sud par la rencontre de trois vallées bien marquées qui se rejoignent sur le site qui est donc bien sur la frontière du royaume contrairement à son rattachement à la commune de Touffreville. Dans la vallée de gauche remontant vers le nord-ouest se trouve toujours sur la bordure de la commune de Touffreville, la Butte Henri IV où effectivement l'armée royale mit en déroute 2000 wallons du duc de Guise en 1592. Mais ce retranchement où ils s'étaient installés est, en fait, une vraie butte féodale bien plus ancienne qui avait bien besoin d'un guet pour voir ce qu'il se passait à l'embranchement des différentes vallées.
Un élément de réponse se trouve dans l'étude de Jacques Le Maho "L'apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l'époque ducale" p.105. Il y a eu trois châtellenies à Touffreville :
Mais à qui affecter le Val au Cesne ? et qui était ce Cesne (Saisne ?)??? surement antérieurement à l'époque ducale !
Un fait du hasard : Henri d'Appelvoisin, commandeur d'Auzon de 1566 à 1604, était cousin de René d'Appelvoisin roi d'Yvetot en 1637. Voici la filiation : Henri->Hardy->Guillaume->Jean<-Hardi<-René<-François<-Marc-Antoine<-René. La présence du roi à Loudun a donné lieu à des fêtes locales.
Il s'agit ici d'un quartier de Saint-Pierre ayant reçu un nom moderne sans référence spécifique.
Hypothèse d'affectation : Sans intérêt