AUNIS et SAINTONGE
Comté de Saintonge
Compléments
Aunis et Saintonge étaient des possessions du duc d'Aquitaine et ont eu peu de contact avec les comtes angevins sauf à quatre périodes principales :
Aunis
- 1 - La Sonnetterie, 17138 Puilboreau :
Avec ce site, nous sommes dans un lotissement de la banlieue de La Rochelle. Il ne reste plus rien à cet endroit, mais tout proche se trouve un lieu-dit "La Motte" qui portait une forteresse au Xème siècle. L'histoire de Dompierre la ville mitoyenne partageant le site de "La Motte" avec Puilboreau est très ancienne (préhistoire et mérovingienne). On ne sait que peu de chose de l'histoire de La Rochelle avant sa fortification par Guillaume X en 1130 sauf que le port et la tour Maulevault sont attestés en 961 mais encore de peu d'importance comparé à Châtellaillon. La troisième femme de Foulque IV le Réchin en 1076 était Aurengarde de Châtelaillon fille d'Isembert Ier de Châtelaillon et de Claricia (de Parthenay ?). Elle était sœur d'Eble II de Châtelaillon marié avec Airellis (de la Motte ?). Or l'île d'Aix avait été donnée par Isembert Ier de Châtelaillon, en 1067, à l'abbaye de Cluny, qui y fonde un prieuré dédié à Saint-Martin. Eble II de Châtelaillon reprend l'île à la mort de son père, en 1089, et ne la rend qu'en 1096. Les moines de ce prieuré avaient construit une chapelle en 1077 pour les habitants de Cougnes (qui va devenir La Rochelle). Cette chapelle s'appelle maintenant Notre-Dame de Cougnes qui est toute proche de la Sonnetterie (environ 3,5 km). Beaucoup de détails (mais pas de preuve) qui nous incitent donc à affecter le site à l'influence de Foulque IV le Réchin dans la région entre 1076 et 1080.
Saintonge
- 2 - Sonnac, 17160 Sonnac :
Nous voici avec l'un des sites suspectés par quelques rares auteurs comme susceptibles d'expliquer l'origine de Guillaume de Sonnac (voir les fausses pistes dans la bibliographie). Mis à part ce suffixe occitan en "ac", le site a en effet le même nom que notre Grand Maître. Il a donc pu être utilisé pour les mêmes fonctions de guet et être à l'origine ou par la suite adapté aux consonances régionales. L'emplacement du château d'origine devait être sur la colline de Cornefou (emplacement du château d'eau) bâti selon la légende par un écuyer de Charlemagne ! Sans aller aussi loin, on peut considérer que Sonnac était le guet de la forteresse de Matha et de sa puissante seigneurie. Ce guet est tourné vers le comté d'Angoulème et est bâti sur les bords de la Sonnoire où devait se situer la frontière. Sur la première période de l'historique ci-dessus, Matha appartenait aux Taillefer et n'avait donc pas besoin de se protéger du coté angoumois siège de la famille. Matha fut donné par Isabelle Taillefer à son fils Henri III Plantagenêt, roi d'Angleterre puis conquis par saint Louis en 1242 juste avant la bataille de Taillebourg.
Le Bois Sénac est tout proche de l'abbaye de Sablonceaux fondée en 1136 par Guillaume X. De nombreux restes préhistoriques et romains dans le voisinage n'apportent rien de spécial à notre recherche. En 1189, l'abbaye de Sablonceaux reçoit de grandes libéralités de la part de Richard Cœur de Lion. A cette époque, les rois Plantagenêts font de Royan un port important qui restera anglais même après la défaite de Taillebourg. Bois Sénac date peut être de cette époque car, trop proche de Sablonceaux pour servir de guet à l'abbaye, il pouvait par contre servir dans le cadre de la défense de Saujon et Royan. C'est à Royan qu'Henri III débarqua pour rejoindre la coalition battue à Taillebourg.
Si l'on met de coté la possibilité de rattacher ce site à la production de sel (Saulnier, Salignac, port Saulnier à Cognac, ce qui a pu être le cas après l'instauration de la gabelle en 1246), il dépendait manifestement de la forteresse de Merpins prise par Richard Cœur de Lion en 1179, ayant appartenu à Jean sans Terre puis Henri III. Un peu en hauteur et dans l'axe de la Charente, il correspond bien aux caractéristiques d'un poste de guet sur la frontière. La forteresse fut reprise par Philippe le Bel en 1308 puis rendue aux Anglais en 1360 lors du traité de Brétigny.
L'église de Merpins était une possession de l'abbaye de Savigny près de Lyon, abbaye entourée de Sonnay, voir Lyonnais n°A.
Nous sommes là aux portes de Pons, une des villes principale de Saintonge où Richard Cœur de Lion a été particulièrement actif de 1170 à 1185 en détruisant et reconstruisant le donjon de la forteresse faisant de ce site le pendant du précédent pour Cognac. L'histoire du fief de Pons recouvre en fait l'ensemble des périodes vues en introduction du chapitre. Guillaume le Grand (995-1030) avait installé à Pons deux de ses fidèles : Foulque Nerra (comme à Gençay, voir Poitou n°h) et Chales IV d'Aulnay. En 1047, la tour du comte d'Anjou est tenue par Jaufré de Pons. En 1062, les deux châtellenies sont détenues par Rainaut de Pons ayant opté pour rendre hommage à Guy-Geoffroy. Les deux tours ne sont réunies qu'en 1245 par un Rainaut de Pons ainsi que la totalité du fief avec celui d'Aulnay. Le traité de Paris dévolue Pons aux Anglais mais Hélie Rudel s'empresse de rendre hommage à l'abbé de Charroux et le transfert traîne en longueur jusqu'en 1281 avec l'intervention d'Edouard Ier. Compte tenu de la consonance ancienne du nom du site en Saintonge, nous l'affecterons plutôt à Foulque Nerra qu'à Richard Cœur de Lion.
Ce site semble rapporter à Cônac qui autrefois était le siège d'un comté, le comté de Cosnac qui était fidèle aux Anglais. Ce n'était pas le cas de la seigneurie de Mirambeau détenue par les Pons qui rechignaient à appliquer le traité de Paris. "Chez Saulnier" devait donc surveiller le château de Mirambeau en compagnie des "Semoussac" sur la crête de la même colline dont le nom rappelle fortement le Saumoussay d'Anjou (Anjou n°2 et Patronymie VIII). Voir aussi Lyonnais n°A et Savoie n°8
Le site est très proche du lieu-dit "Le Haut Mont" qui domine la région de ses 129 m ! entouré des lieux-dits habituels comme "La Ferrière", "La Motte" ou "Le Pont du Loup", le site pouvait très bien être un guet vers l'est pour le château de Montguyon (ci-contre). La puissante forteresse de Montguyon ne fut prise par Dunois qu'en 1451.
Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.
La ligne matérialisée par les sites 4, 5, 6, 7 délimite donc une zone plus fortement contrôlée par les Plantagenêts (Henri III) en face des Capétiens (Louis IX) avant le traité de Paris (1259). On peut associer à cette ligne d'autres sites du duché d'Aquitaine. A noter que cette ligne est en retrait vers l'océan par rapport aux possessions d'Edouard III au moment de Brétigny (1360), le recul anglais sous Henri III ayant été plus conséquent que les terres qui lui ont été concédées par son beau-frère saint Louis avec le traité de Paris. La récupération des terres du nord importait plus au monarque français que celles de Guyenne. Voir la carte dans la Gascogne.